Conseils plongée

“La BTV en plongée est à la portée de tout le monde !”

Jacky Degrémont
moniteur, chef de Centre Hôtel Cotton Bay,Rodrigues.


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“Pour travailler la BTV, il faut oublier toutes les méthodes “barbares” et simplement s’inspirer de son vécu. Ma réflexion remonte à mon enfance, lorsque je posais mes mains sur les pectoraux de mon père et qu’il les faisait bouger. Comme lui, dès que j’ai été assez musclé pour l’envisager, j’ai voulu apprendre à contracter ces muscles volontairement. Devenu jeune plongeur, après avoir lu tous les ouvrages en la matière, je me suis dit qu’il devait être possible d’atteindre un résultat similaire avec les muscles péristaphylins, et j’y suis parvenu.

Le principe repose sur l’idée que tout le monde connaît en fait une technique douce d’équilibrage, appliquée inconsciemment lors de changements de pression en voiture ou en avion, par exemple. Bâillement, mouvement de mâchoire, peu importe : la question est de savoir si, oui ou non, la sensation est déjà connue – et pour la plupart des gens, réflexion faite, la réponse est oui. Une fois cette technique personnelle identifiée, il faut alors la pratiquer du matin au soir, équilibrer comme en voiture ou en avion, pour renforcer les muscles à force de les solliciter et raviver du même coup des connexions nerveuses “poussiéreuses”, auxquelles nous ne pensons normalement pas.

Avec ce polissage volontaire, vient progressivement la prise de conscience de ces muscles et en deux-trois jours à peine, les choses deviennent déjà plus faciles. Au bout d’une semaine, en général, on va pouvoir reprendre la gymnastique de “sa” méthode personnelle, mais cette fois avec le pouce en bouche (ou un stylo pour avoir l’air intelligent quand on est au bureau).
Une fois la méthode acquise dans cette situation, il n’y a plus qu’à remplacer pouce ou stylo par un détendeur et les choses sont exactement pareilles ! Pour ceux qui auraient du mal à croire que ce soit aussi simple, imaginez que j’ai enseigné la plongée à la fac de lettres de Nice dans les années 90 : je recevais 3 fois par semaine 40 personnes, soit 120 élèves que j’ai formés à cette méthode et qui tous l’ont réussie. Je me suis dit qu’à moins d’avoir une chance incroyable, ou qu’ils aient tous été dotés de trompes d’Eustache parfaitement rectilignes, je devais avoir raison.
Donc à l’époque j’ai aussi formé des enfants au Niveau 1, toujours avec la même méthode : ils viennent me revoir aujourd’hui à Rodrigues, devenus moniteurs et toujours fidèles à la BTV. Et Loïc Leferme, dont chacun connaît la carrière, avait lui aussi tout à fait par hasard appris cette méthode à mes côtés. Des années plus tard, il me confiait que c’est grâce à la BTV qu’il avait pu atteindre des profondeurs record.
Alors, dans la même perspective, j’aurai envie de dire “Essayez, vous moniteurs, d’enseigner la BTV aux gens qui sont en face de vous, de faire passer le message. Peut-être que, grâce à vous, eux aussi finiront moniteurs ou, pourquoi pas, champions du monde !”

Propos recueillis par Phil Simha
Source magazine n°1 de www.plongeur.com